La nausée de Jean-Paul Sartre





Auteur: Jean-Paul Sartre
Édition: Folio
L'histoire:Donc j'étais tout à l'heure au Jardin public. La racine du marronnier s'enfonçait dans la terre, juste au-dessous de mon banc. Je ne me rappelais plus que c'était une racine. Les mots s'étaient évanouis et, avec eux, la signification des choses, leurs modes d'emploi, les faibles repères que les hommes ont tracés à leur surface. J'étais assis, un peu voûté, la tête basse, seul en face de cette masse noire et noueuse entièrement brute et qui me faisait peur. Et puis j'ai eu cette illumination. Ça m'a coupé le souffle. Jamais, avant ces derniers jours, je n'avais pressenti ce que voulait dire " exister ".
Ma note: 8/10





C'est une lecture qui m'a prit du temps. Beaucoup de temps. Ce classique redouté par tant de gens m'a fasciné autant qu'il m'a, non pas ennuyé, mais laissé interdit.
J'ai plusieurs fois dû stopper ma lecture en cours de route pour la digérer, méditer dessus. C'est un phénomène que je n'avais jamais vécu auparavant et, je ne regrette pas cette expérience au final. Enrichissante.

Sartre dépeint l'histoire d'un homme ordinaire, la trentaine, roux ( il insiste beaucoup sur ce point, c'est amusant), écrivain, rentier et surtout nostalgique.
Au début, il est surtout préoccupé par l'idée d'écrire un livre sur un certain Rollebon, puis l'histoire devient une quête, personnelle, initiatique s'il en est. Le personnage principale philosophe sur ce qu'il sait, tient pour acquis et fait le bilan d'une vie qui le désillusionne à mesure qu'il le perçoit sous un angle - qu'il considère - plus réaliste.
Il y a un ton fataliste à mon sens, tout le long du récit on éprouve jamais vraiment la félicité du personnage. Juste, sa nausée.
Il erre comme une âme en peine, à travers Bouville (ville fictive du roman).

Ce qui m'a frappé, ce sont les réflexions similaires que j'ai pu avoir moi même avec le personnage. Sa manière d'appréhender l'écriture, en sa qualité d'auteur, son rapports aux événements - faits de détails -  des détails et des sensations qui comptent dans l'instant et perdurent comme si on les emportaient avec soi. Comme un bout de soi, qui enrichit et nourrit. Des détails et des sentiments éphémères qui finissent par constituer qui l'on est, de par la façon dont on le ressent, dont on s'en souviendra après l'avoir "digéré", après le recul inévitable que le temps imposera.

En bref je perds mes mots et surtout mes explications concrètes.
C'est un récit pleins de longueurs et de scènes parfois inutiles, qui ne parleront pas à tout le monde, mais je conseille à tous/toutes de se pencher sur cette lecture une fois dans sa vie.

C'est une lecture qui parle, singulière, elle a sa propre voix.




« Je sais que je ne rencontrerai plus jamais rien ni personne qui m'inspire de la passion. Tu sais, pour se mettre à aimer quelqu'un, c'est une entreprise. Il faut avoir une énergie, une générosité, un aveuglement... Il y a même un moment, tout au début, où il faut sauter par dessus un précipice : si on réfléchit, on ne le fait pas. Je sais que je ne sauterai plus jamais. »

« Tout à l'heure viendra le refrain : c'est lui surtout que j'aime et la manière abrupte dont il se jette en avant, comme une falaise contre la mer. Pour l'instant, c'est le jazz qui joue ; il n'y a pas de mélodie, juste des notes, une myriade de petites secousses. Elles ne connaissent pas de repos, un ordre inflexible les fait naître et les détruit, sans leur laisser jamais le loisir de reprendre, d'exister pour soi. Elles courent, se pressent, elles me frappent au passage d'un coup sec et s'anéantissent. J'aimerais bien les retenir, mais je sais que, si j'arrivais en arrêter une, il ne resterait plus entre mes doigts qu'un son canaille et languissant. Il faut que j'accepte leur mort ; cette mort, je dois même la vouloir : je connais peu d'impressions plus âpres et plus fortes. » 
 

Intérêts: Les réflexions sur ce qui nourrit un auteur, sur l'existence, la scène avec Annie.
Regrets: Beaucoup de longueurs et de scènes inutiles. L'autodidacte m'ennuie.

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