Dégraissez-moi ça! de Micheal Moore







"Les spermatozoïdes ont droit à la vie!"








Auteur : Micheal Moore
Éditeur : 10/18
Collection : 10/18 Faits et Causes
Synopsis : Voici, à travers les yeux d'un ancien ouvrier devenu agitateur professionnel, la face sombre et peu glorieuse des Etats-Unis, celle du chômage et de la pauvreté, du racisme... et des antidépresseurs. Avec un humour féroce, Michael Moore part en guerre contre les spécialistes du "dégraissage" intensif et leurs alliés, les politiciens qui leur donnent carte blanche (et des subventions). Lui-même licencié de General Motors, il râle, dénonce, accuse, rêve d'organiser le procès des liquidateurs du "rêve américain", demande à l'Arabie Saoudite une aide financière pour les pauvres d'Amérique et offre ses conseils à tous les laissés-pour-compte ! Drôle et excessif, il nous rappelle que le rire est aussi une arme de combat et de résistance.
Ma note : 9,5/10



ᚠ 
MON AVIS
Je ne suis jamais déçu par un livre de Micheal Moore, c'est un vrai plaisir, un déluge de sarcasmes, de révélations et de comparaisons horribles sur des systèmes qui se tirent des balles dans le pied sans se préoccuper des gens du peuple.

Car il faut bien l'avouer, même si ses propos le font passer pour un mégalomane aux yeux des plus tatillons, Micheal tape la ou ça fait mal. C'est l'essentiel de son message qu'il faut retenir, les « faits » qu'ils nous délivrent et non sa manière de nous l'apporter, même cela fait son charme. Il use parfois de métaphores et de mise en scènes amusantes, même dans son écriture. La lecture de ce roman, que je découvre avec honte sur le tard, m'a donné envie de revoir plusieurs de ses documentaires phares ( Sicko, Capitalisme : A love story). Cette vision qu'il a de son amérique est touchante, car il la voit se décrépir, dépérir, mais ne la haït pas pour autant, Moore aime son pays, il est juste révolté et désolé pour sa patrie. Les récits de Micheal Moore sont comme des cris de détresses face a l'absurdité des situations dont elle est victime.

Entre le parcours du combattant des salariés qui souhaitent se syndiquer, l'encouragement du gouvernement à la délocalisation des entreprises dans d'autres pays, au détriment des travailleurs américains ou encore la vision narquoise de l'auteur sur les lobbys et le cirque des élections présidentielles.

C'est un livre à la fois politique et plein d'humour noir que je recommande entre deux lectures épiques. Micheal Moore ne juge pas, il expose et nous pousse à réfléchir à notre propre condition, reflet de notre société qui, malgré ses nombreux avantages (et il ne faut pas les nier), penche dangereusement du côté obscur de la force.


EXTRAIT

« Je crois que Dieu a créé tous les hommes également bons. Mais si nous devions accueillir un million d'immigrants l'année prochaine – des Zoulous mettons, ou des Anglais – et les installer en Virginie, lequel de ces deux groupes serait le plus facile à assimiler et causerai moins de problèmes aux habitant de la Virginie » - PAT BUCHANAN

ça doit être une coincidence, mais j'ai toujours rêver de voir Pat Buchanan se livrer à des efforts d'assimilation avec une bande de zoulous. Et oui, Pat, je te vois avec un million de voisins Zoulous. En fait, contrairement à la tienne, ma politique d'immigration est très simple : on laisse tout le monde entrer sauf toi.
Et pour les fans de Buchanan, c'est la même chose : ils feraient mieux de faire leurs valises. J'imagine qu'ils ne réalisent pas à quel point c'est hypocrite de fermer la porte aux immigrants alors que personne d'entre nous ne serait américain si nos arrière-grands-parents ne s'étaient pas débrouiller pour débarquer ici. A part les noirs (transportés de force) et les indiens (qui sont arrivés les premiers), nous devons tous notre présence ici à l'aventureuse ingéniosité de nos ancêtres immigrants.
Au lieu d'en éprouver de la gratitude -et de reconnaître tous les avantages que nous devons à leurs tribulations -, nombre d'entre nous veulent désormais exclure les nouveaux venus. Ils se comportent exactement comme les salopards qui voulaient fermer les portes de l'Amérique aux familles de nos aïeux et qui leur empoisonnaient l'existence une fois qu'ils avaient débarqués.
Les immigrés ont toujours étés des boucs émissaires de choix. A en croire Pat Buchanan et ses congénères, ce sont les immigrés sans papiers qui provoquent le chômage, ce sont eux qui détruisent notre système de protection sociale et qui alimentent la délinquance et, le pire, c'est qu'on ne comprend même pas ce qu'ils racontent.
Bien entendu, la vérité est tout autre. Les immigrés travaillent plus durs que les autres. Ils ne risquent pas d'exercer une pression excessive sur notre système de protection sociale, vu que nombre d'entre eux n'osent pas réclamer leurs droits de peur d'être découverts. Et la criminalité est en baisse aux États-Unis depuis 1991, alors même que le nombre d'étrangers sans papiers augmente de trois cent mille par an.



INTERETS : Les dénonciations politiques, la mise en évidente de certaines absurdités du système en place ( des années 90, mais qui pour la plupart restent très actuelles), l'humour noir de Micheal Moore.
REGRETS : Certains sujets évoqués ne m'ont pas vraiment bottés et Moore peut partir très loin dans certains délires parfois, mais c'est sans véritable incidence sur la qualité du récit.

2 commentaires:

  1. J'aime ce genre de récit. Les sarcasmes, mettre à jour les cadavres dans les placards, c'est franchement bien. Je prend note de l'auteur !!

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    1. Je connaissais M.Moore depuis pas mal d'années, mais je n'ai découvert ses ouvrages qu'après le bordel du 11 sept avec "Tous aux abris", c'est du corrosif en barre ! Un bijou, si je puis dire, malgré la tristesse de ce qu'il révèle.

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